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Le mec qui vous harcèle pour un sondage au téléphone, c'était moi

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Le mec qui vous harcèle pour un sondage au téléphone, c'était moi Empty Le mec qui vous harcèle pour un sondage au téléphone, c'était moi

Message  HAL Lun 8 Nov - 7:17

Source : http://www.rue89.com - http://www.rue89.com/2010/11/07/un-president-chinois-a-paris-combien-de-voitures-174943?utm_source=twitterfeed&utm_medium=twitter
/Par Aurélien Plomb - Ex-enquêteur téléphonique | 07/11/2010 | 19H16

Enquêteur téléphonique au sein d'une entreprise parisienne dont je tairai le nom, j'ai été licencié samedi pour une soi-disant faute grave dans le milieu du sondage. Il n'y a que deux types de faute grave dans ce milieu :

enquêter sur des personnes fictives (n'avoir personne au bout du fil ou enquêter sur quelqu'un que l'on connaît) ;
prétendre qu'une personne qui n'est pas concernée par un sondage l'est.
C'est pour cette seconde raison que j'ai été viré.

Pour vous mettre en situation, il s'agit d'un énième sondage sur la ville de Corbeil-Essonnes à propos des élections municipales qui vont avoir lieu en décembre prochain. La ville a déjà été la cible d'un nombre incalculable d'enquêtes à propos de ces mêmes élections dues à la fraude de Serge Dassault.

Je commence ma journée à 10 heures pour terminer à 21 heures avec une pause de 14 à 17 heures. Le travail consiste à rester assis sur une chaise avec un casque sur la tête et face à un écran d'ordinateur. Vous pouvez donc deviner les séquelles que cela peut laisser pour la santé (surtout au niveau du dos, qui fléchit assez vite) et pour le mental (répéter sans cesse les mêmes mots dans le même ordre avec le même ton « souriant, dynamique » est assez abrutissant).

Pour info, j'étais payé le smic horaire (8,86 euros) plus les congés payés (5%) et une indemnité de précarité (10%), soit à peu près 10 euros de l'heure brut, sur une base de 25 heures par semaine.

La veille, j'ai travaillé jusqu'à 21h30. Avant de rentrer chez moi, mon supérieur ouvre la fenêtre (une nuit de novembre) en nous disant que tant que l'on n'aura pas tous effecté une dernière interview, personne ne rentrera chez soi, quitte à rester là-bas jusqu'à 22h30 dans le froid. Vous voyez le type de management…

« Un autre superviseur ? Quel autre superviseur ? »
Revenons au sujet. Après d'innombrables refus et tentatives de convaincre mes interlocuteurs de m'accorder un entretien, je tombe sur quelqu'un qui accepte de répondre à cette enquête sur les avis personnels, confidentiels. Lui demandant si elle est inscrite sur les listes électorales de Corbeil-Essonnes, elle me répond qu'elle ne sait pas, qu'elle habite depuis quatre ans dans cette ville.

Un superviseur de salle (parce que l'on est, bien entendu, toujours surveillé) m'avait dit précédemment que lorsqu'une personne habite depuis plus d'un an dans une commune, elle était automatiquement inscrite sur ces listes électorales. J'indique donc qu'elle y est bien inscrite.

J'appelle ma superviseure (une autre que celui m'ayant donné les indications) pour qu'elle valide ces informations. Elle est occupée avec d'autres salariés.

Je commence donc le questionnaire de peur que la personne raccroche et que je sois victime d'un abandon. J'arrive à extraire de sa capsule strictement personnelle ses avis politiques en la relançant (cela consiste à amadouer les enquêtés en leurs disant que leur numéro est effacé alors que je n'en ai aucune certitude) car elle est aux premiers abords plutôt réticente à une intrusion dans sa vie privée.

Puis la surveillante arrive pour me demander pourquoi je l'ai appelée. Je lui explique la situation, elle me demande de mettre fin au questionnaire immédiatement. Après que ce soit effectué, elle me demande pourquoi j'ai mis qu'elle était inscrite sur les listes électorales :

- « Parce qu'elle habite depuis plus d'un an là-bas.

- D'où est-ce que vous sortez ça ?

- D'un autre superviseur.

- Quel autre superviseur ? »

Un superviseur, puis un autre… puis la porte
Je ne dis pas son nom car il a été le seul superviseur aimable avec moi (en m'apprenant notamment des principes de sociologie). Elle me dit de ne toucher à rien sur mon poste, d'attendre qu'elle revienne. Je la vois partir en direction du téléphone pour joindre le directeur des superviseurs (la pure et si simple hiérarchie bureaucratique). Elle me dit de monter dans son bureau.

En face du directeur et entourée de trois superviseurs qui assistent à la scène, elle m'ordonne de dénoncer cette personne qui pourra ainsi « confirmer mes dires ». Si je refuse, je serai forcé de signer la feuille d'heure indiquant que j'étais présent et que j'ai fini à 20h36 (employé pour des CDD de trois jours -plus précaire tu meurs-, l'entreprise n'a pas besoin, pour me licencier, de longues démarches administratives : ils ne me reprennent tout simplement pas).

Je refuse. Je ne suis pas un délateur.

Elle finit par me dire que j'ai soit une « pseudo-morale à deux balles », soit que je suis un simple menteur. Je signe donc et me retrouve aussitôt dehors. Il fait nuit, il pleut, et je suis heureux d'avoir refusé de m'abaisser. « I'm singing in the rain, just singing in the rain… »

Une collègue avait refusé, un soir de semaine à 22 heures, de rappeler pour la cinquième fois une personne âgée de 90 ans. Elle trouvait que c'était du harcèlement. Le lendemain, elle était arrivée avec une minute en retard et s'était retrouvée dans le bureau du superviseur des superviseurs. On ne l'a pas revue.

Quant à moi, je n'ai jamais su tenir ma langue : un jour où on nous criait en pleine salle que, pour ceux qui ne réalisaient pas les quotas, il y avait un organisme qui s'appelait l'ANPE, j'ai corrigé : « Ça s'appelle Pôle emploi désormais. »

Depuis, j'ai fait sa connaissance…
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Message  edouardbracame Lun 8 Nov - 8:50

Je ne crois pas me planter si j'affirme que c'est du management à la française, c'est unique, c'est pourri, c'est français ! Et c'est pour cette raison que nous avons un taux de productivité des plus élevé au monde par travailleur (il paraît) et que nous sommes les plus grands consommateurs de neuroleptiques et anxiolytiques (c'est vérifier)..... J'ai la nausée (beurk) !
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Message  Legolas Mar 9 Nov - 17:17

Je commence ma journée à 10 heures pour terminer à 21 heures avec une pause de 14 à 17 heures. Le travail consiste à rester assis sur une chaise avec un casque sur la tête et face à un écran d'ordinateur. Vous pouvez donc deviner les séquelles que cela peut laisser pour la santé (surtout au niveau du dos, qui fléchit assez vite) et pour le mental (répéter sans cesse les mêmes mots dans le même ordre avec le même ton « souriant, dynamique » est assez abrutissant).

Y'a les plants en ce moment, ça va lui reposer le dos...Et le mental...
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